Ce face-à-face a été initialement publié dans la rubrique Opinions de la Tribune de Genève du 5 février 2025. Vers l’article original
Sécurité, bruit, pollution ou îlots de chaleur: les nuisances dues au trafic et à la place que nous accordons à la voiture dans nos quartiers rendent la vie impossible à nombre d’habitantes et d’habitants. Le pont du Mont-Blanc est emblématique du problème: alors que les piétons et les cyclistes partagent péniblement un espace restreint et donc dangereux, les voitures occupent cinq des six voies de circulation. Si nous voulons améliorer la qualité de vie dans les quartiers, un basculement de nos déplacements vers les mobilités douces est indispensable. Pour ce faire, une offre de transports publics efficace est nécessaire, d’où l’idée qui figure dans les plans cantonaux d’installer un tram sur le pont du Mont-Blanc.
Ceci aurait le double avantage d’offrir une alternative aux automobilistes tout en permettant de libérer la route pour celles et ceux, personnes à mobilité réduite, artisans ou livreurs, qui n’ont pas le choix de se passer de véhicule. Relevons d’ailleurs que cela correspond à la volonté populaire. Il y a plus de dix ans, le peuple refusait déjà sèchement la traversée de la rade, tout comme récemment l’élargissement des autoroutes. En parallèle, les Genevoises et les Genevois ont voulu garder une maîtrise démocratique sur les tarifs TPG, démontrant par là leur attachement à une offre de transports publics efficace et abordable.
Certes, installer un tram sur le pont du Mont-Blanc nécessitera des travaux. Or, une rénovation du pont devra de toute façon avoir lieu d’ici quelques années en raison de l’érosion dans le fond du Rhône qui impose de renforcer le pont. Coordonner ces travaux structurels pour les faire en une fois au lieu de deux est le but de la motion déposée par le Parti socialiste en Ville de Genève et au Grand Conseil il y a trois semaines.
L’idée séduit. Preuve en est, une motion UDC demandant sensiblement la même chose est déposée… hier. Derrière la récupération politique en pleine campagne, espérons que se trouve un véritable engagement pour l’avenir de notre mobilité. Avenir que ne partage pas, semble-t-il, le PLR, qui après l’échec de l’élargissement des autoroutes, recycle la même idée en voulant élargir le pont.
Certains invoqueront peut-être le libre choix du mode de transport pour s’opposer à un projet de tram qu’ils estimeront antivoiture. Mais le libre choix, c’est aussi la liberté de prendre des transports publics rapides et abordables. C’est aussi la liberté d’emmener son enfant à l’école à vélo sans le mettre en danger. C’est aussi la liberté de marcher sur un trottoir sans être renversé par une trottinette. Ainsi, défendre la voiture pour elle-même ne fait pas de sens. Ce qui compte, ce sont les alternatives que nous proposons aux personnes qui – aujourd’hui, faute d’autre solution – se trouvent dans leur voiture. En effet, en matière de mobilité comme dans d’autres domaines, c’est en plaçant les personnes et leurs besoins au cœur de nos préoccupations que nous pouvons agir pour une ville solidaire, inclusive et durable.
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