Cette chronique a été initialement publiée dans le GHI du 11 septembre 2024.
Pour la deuxième fois cette année, nous voterons bientôt sur les retraites. La réforme du deuxième pilier qui nous est proposée est un projet massivement antisocial. Principalement, il s’agit de diminuer le taux de conversion légal, ce qui provoquerait une baisse des rentes de 12% dans la part obligatoire du deuxième pilier. La situation des personnes retraitées serait donc moins bonne que maintenant.
J’ai 26 ans. Je pourrais donc me dire que cette réforme ne me concerne pas. Et pourtant ! Ce projet n’est pas seulement une arnaque pour les personnes bientôt à la retraite mais aussi pour les plus jeunes car, en parallèle, cette réforme veut augmenter la part de salaire sur laquelle sont prélevées les cotisations. Les travailleuses et les travailleurs cotiseraient donc plus et verraient ainsi leur revenu net diminuer pendant leur vie active. Alors que les assurances-maladie et les régies engloutissent déjà une grande partie de nos revenus, les caisses de pension voudraient augmenter leur part du gâteau…sur notre dos.
Cette réforme n’est donc pas une avancée mais un recul majeur qui se résume ainsi : prendre plus aux travailleuses et travailleurs, tout en donnant moins aux retraitées et retraités. Ce projet est une arnaque dont le principe ne profiterait à personne. Car baisser les salaires pendant la vie professionnelle et baisser les rentes une fois à la retraite c’est diminuer la qualité de vie de tout le monde.
Le Conseil fédéral lui-même n’arrive pas à prévoir qui serait gagnant ou perdant et renvoie aux caisses de pension. Or, personne n’aura une réponse précise avant le 22 septembre. Nous devrions donc adopter ce projet sans connaître précisément ses conséquences ! A ce sujet, les récentes révélations sur les chiffres grossièrement erronés présentés dans une précédente votation sur l’AVS devraient nous inciter à la prudence lorsque certains bords politiques s’angoissent d’une prétendue situation catastrophique de nos caisses de pension.
Bien sûr, il peut être tentant de se dire que quelques personnes verraient leur rente augmenter mais ce n’est qu’un trompe-l’œil. Pour beaucoup, le gain de rente sur la LPP serait annulé par une diminution des prestations complémentaires. En résumé – et comme souvent malheureusement – celles et ceux qui peinent déjà chaque mois à payer leurs factures seraient une fois de plus les victimes de ce projet. Il y a quelques mois, le peuple a voté une augmentation des pensions avec l’introduction de la 13e rente AVS. Un signal fort qui nous montre que la précarité des retraitées et retraités existe bel et bien dans notre pays. Tout comme la précarité des familles et des personnes qui se battent chaque mois pour boucler leur budget. Au lieu de tenir compte de ces réalités désastreuses, la nouvelle réforme du deuxième pilier réduirait le pouvoir d’achat de toutes et tous. Nous n’avons pas besoin de cela!
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