Cet article a été initialement publié dans Le Monde du travail, le journal du Mouvement populaire des familles, dans l’édition de janvier 2020.
Dès son entrée en vigueur en 1995, ladite norme «antiraciste» a fait parler d’elle, accusée de limiter la liberté d’expression. Concrètement, elle interdit d’inciter publiquement à la haine ou de discriminer une personne, mais uniquement en fonction de trois critères que sont la «race», l’origine ethnique, la religion et…c’est tout. Car oui, aujourd’hui, il est encore légal de discriminer ou d’inciter à la haine pour d’autres raisons.
Une loi adoptée il y a quelques temps par le Parlement vise à combler une part de cette lacune en interdisant désormais la discrimination ou l’incitation à la haine basée sur l’orientation sexuelle (homo-, hétéro- et bisexualité). Le Conseil national avait également envisagé de protéger les personnes en fonction de leur identité de genre (cis-, transgenre) mais y a renoncé car le Conseil des États a refusé cette avancée supplémentaire. Ce projet, loin d’être la loi liberticide que présentent ses opposants, constitue en réalité le minimum sur lequel les Chambres se sont entendues et également le minimum de protection qu’une communauté est en droit d’attendre de l’Etat.
Cette avancée est pourtant combattue par un référendum, lancé par l’Union démocratique fédérale (UDF) et l’UDC, au nom de la liberté d’expression. Des incidents ont émaillé la récolte de signatures, les tenants du référendum ayant été accusés d’avoir menti aux passants dans la rue pour obtenir leur signature. Cette situation démontre que le sujet de la votation est sensible. Pourtant, protéger les minorités et interdire la discrimination à leur égard devrait être acquis dans notre Etat de droit, dont la Constitution proclame le principe d’égalité entre toutes et tous.
La discrimination est-elle acceptable?
Cela pose en fait la question de ce qui est acceptable dans notre société. Insulter personnellement quelqu’un par une injure homophobe est déjà punissable. A fortiori, lancer des attaques contre une communauté entière devrait être également puni. Si nous votions «non» à ce projet, nous donnerions donc notre approbation à ceux qui réclament par exemple que «les homosexuels se fassent soigner». Rappelons que l’Organisation mondiale de la santé a retiré l’homosexualité de la liste des maladies mentales en 1992!
L’argument de la liberté d’expression est fallacieux. Cette liberté ne justifie pas tout. La vraie question à laquelle nous devrons répondre le 9 février est celle-ci: Voulons-nous avoir, en Suisse, au XXIe siècle, la liberté de s’attaquer à des personnes pour la seule raison qu’elles vivent leur sexualité différemment de la majorité?
Certainement pas! La réponse est tellement évidente qu’on aurait presque tendance à se dire que la loi passerait sans problème la rampe devant le peuple. Cela ne semble malheureusement pas acquis. La preuve en est que le référendum a abouti. L’UDF ne fait pas souvent parler d’elle mais elle sort ici du bois. Comme elle, certains groupes se mobiliseront particulièrement pour cette votation. Ne sous-estimons pas l’homophobie: de violentes agressions font régulièrement la une des médias et nous entendons encore plus souvent des propos dénigrants à l’égard des personnes LGBT.
Le 9 février 2020, nous avons la possibilité de faire enfin entrer la Suisse dans le groupe des pays qui reconnaissent que l’homophobie n’est pas admissible. Une participation élevée et un soutien large à cette loi nous permettront de donner un signal fort en faveur de la liberté pour chacune et chacun de vivre à sa manière sans devoir craindre d’être dénigré, insulté ou attaqué.
Le 9 février, votons OUI à la tolérance, OUI au respect de l’autre, OUI au vivre-ensemble.
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