Cet article a été initialement publié dans TOPO, le média étudiant de l’Université de Genève, le 10 octobre 2019. Vers l’article original
La Suisse fait partie d’un tout. Elle doit donc se poser la question de ses relations internationales. Dans ce domaine, plusieurs dossiers occupent actuellement le devant de la scène.
D’abord, l’Union européenne (UE). Les relations entre la Suisse et ses voisins directs ont toujours fait l’objet de rudes batailles politiques. Aujourd’hui, c’est l’accord-cadre institutionnel qui cristallise les tensions. Entre protection des travailleurs, chance pour l’économie ou perte de souveraineté, chaque camp a son opinion.
Ensuite, et toujours dans le domaine des accords internationaux, l’accord de libre-échange avec le MERCOSUR, dont les négociations ont abouti fin août1. Un texte vu comme une opportunité économique ou comme un désastre environnemental.
Enfin, la volonté du Conseil fédéral d’occuper un siège au Conseil de sécurité de l’ONU dès 2023. Pour certains, cela mettrait en danger la neutralité de la Suisse. Au contraire, d’autres pensent que nous avons un rôle à jouer dans le système onusien.
Quoi qu’il en soit, les futur-e-s élu-e-s ne pourront pas ignorer ces dossiers. Vu les implications en termes politiques, environnementaux, économiques, juridiques, …, il est nécessaire de se positionner déjà en tant que candidat-e. Alors que pensent les listes de jeunes de ces questions ?
Que pensez-vous de l’accord-cadre avec l’Union européenne ?
Vert’libéraux – Jeunes
Les Vert’libéraux ont été le premier parti à soutenir l’accord-cadre avec l’Union Européenne et ce, en l’état. En effet, les principaux objectifs des négociations ont été atteints et les conséquences du retard se font déjà sentir tant au niveau de la recherche que de l’économie. La Suisse conservera sa souveraineté dans les processus législatifs nationaux. Le règlement des différends inclus dans l’accord-cadre sera même un avantage pour la Suisse, puisque la proportionnalité des mesures compensatoires y est explicitement stipulée. La protection des salaires est également clairement prévue dans l’accord-cadre. De plus, à l’époque de la numérisation, une période d’enregistrement de 4 jours ouvrables pour les travailleurs de l’UE nous semble suffisante.
Jeunes libéraux-radicaux
L’UE est le partenaire économique principal de la Suisse et nous devons tisser des relations durables. Un accord est donc essentiel. Certains aspects dans cet accord comme la modernisation des mesures d’accompagnement, l’interdiction des aides d’État et le maintien du processus décisionnel de démocratie directe sont perçus positivement chez nous car dans l’intérêt de la Suisse.
Toutefois, nous rejetons en l’état la demande implicite concernant une reprise de la directive relative au droit des citoyens de l’Union ainsi que l’interprétation partielle du droit par la Cour de justice de l’Union européenne. L’évaluation définitive du projet d’accord final aura lieu en temps voulu (nous attendons pour ce faire les résultats de la consultation) et à la lumière des points évoqués ci-dessous.
Jeunes Vert-e-s
La Suisse a une place unique avec l’Union-Européenne. Il s’agit de son premier partenaire commercial et les échanges, notamment universitaires, sont nombreux et indispensables. Il est important de conclure un accord-cadre avec l’UE, notamment pour poursuivre la voie bilatérale. Mais la libre-circulation des personnes ne pourra être possible que si elle s’accompagne de mesures d’accompagnement efficaces, notamment en ce qui concerne la protection des salaires et des salariés.
JDC Genève
Il faut repenser nos relations avec l’UE et ne pas constamment verser dans le rejet ou la conflictualité. L’UE est notre premier, meilleur et plus fiable partenaire économique. Il est toujours tant de dire un “oui de principe” à cet accord-cadre et d’en négocier quelques clauses pour souligner notre relation de partenaire particulier avec l’Europe. Notre politique étrangère ne peut pas nous être constamment dictée par l’UDC, il est dans notre intérêt de ne pas le rejeter en bloc.
La Suisse vient de conclure un accord de libre-échange avec le MERCOSUR. Pensez-vous que ce type d’accord doive se multiplier? Comment le percevez-vous?
Jeunes Vert-e-s
Dans un monde multilatéral, les accords de libre-échange sont légion. Celui signé avec le MERCOSUR est honteux : il détruit la biodiversité, participe à l’exploitation de travailleurs et met à mal notre monde agricole. Pour toutes ces raisons, les JVGe s’opposent à la ratification de cet accord par le Parlement. Il n’en demeure pas moins que des accords moins médiatisés, comme avec l’Indonésie, doivent également être dénoncés.
L’accord avec le MERCOSUR est en totale opposition avec les objectifs de développement durable. Pire, sa signature participera directement à accroître l’urgence climatique. Les JVGe sont donc opposés à toute signature d’accord international qui se fasse au détriment des engagements climatiques et sociaux.
Jeunes libéraux-radicaux
L’échange de biens entre la Suisse et le Mercosur – environ 4 milliards de francs par année – est encore à un niveau bas. Mais c’est justement pour les exportations suisses qu’il y a un grand potentiel. Un accord de libre-échange serait la clé pour bénéficier de cette opportunité. Cela s’applique également au secteur agricole.
La conclusion d’un accord de libre-échange entre l’UE et les pays du Mercosur donne aux entreprises européennes un avantage concurrentiel sur le marché sud-américain par rapport aux entreprises suisses.
Un accord de libre-échange est par ailleurs un levier important pour exiger aux pays-tiers le respect des engagements climatiques internationaux. Sans la perspective d’un accord avec l’AELE et l’UE, le Brésil de Bolsonaro serait probablement sorti des accords de Paris.
Vert’libéraux – Jeunes
Oui, nous estimons que les accords de libre-échange sont positifs pour notre économie et notre qualité de vie. Cependant, nous pensons également que ceux-ci doivent assurer le respect de normes éthiques, environnementales, sociales et de gouvernance. La teneur de l’accord avec le MERCOSUR n’étant pas encore connue, nous le soutenons sur le principe et attendons d’en obtenir les détails avant d’y accorder un soutien inconditionnel. Nous avons d’ailleurs déjà soutenu des accords de ce type par le passé, tel que celui avec l’Indonésie. Tout accord de libre-échange prenant en considération les normes ci-dessus mérite d’être défendu.
JDC Genève
Il faut faire attention à ce type d’accord. Tout ce qui peut être produit en quantités suffisantes chez nous n’a pas nécessairement besoin d’être importé. De ce point de vue, si ce type d’accord est quand même adopté, il faudra alors se battre pour que la population s’intéresse d’abord à nos produits locaux, et pour ce faire : faire en sorte que les prix soient incitatifs et que la majorité des bénéfices reviennent aux producteurs plutôt qu’aux grandes enseignes.
Le Conseil fédéral souhaite occuper un siège au Conseil de sécurité de l’ONU dès fin 2022. Cette candidature ne fait pas l’unanimité au sein du Parlement. Quelle est votre position à ce sujet?
JDC Genève
Cette candidature ne fait pas l’unanimité mais elle est un beau symbole : un pays militairement neutre et connu pour une plaque tournante de la diplomatie pacifiste internationale pourrait utiliser sa voix pour tenter d’apaiser les rivalités internationales qui se manifestent dans des régions du monde très sensibles. S’il n’est pas nécessaire de se battre pour que la Suisse obtienne ce siège, il faut se battre encore et encore pour la paix. La Suisse doit avoir une diplomatie internationale exemplaire, car elle en a le pouvoir et ses diplomates sont de qualité.
Jeunes libéraux-radicaux
Au Conseil de sécurité, la Suisse pourrait devenir un « jouet de la politique mondiale ». Toute décision du Conseil entraînerait par la suite une controverse au Parlement fédéral. Le rôle international de la Suisse consiste en une médiation discrète et neutre. Au Conseil de sécurité, cependant, il devrait prendre position dans les conflits internationaux. Son rôle de médiateur s’en trouverait gravement compromis. Nous voulons consolider le rôle de la Suisse dans les relations internationales et la présence au Conseil de Sécurité le mettrait en péril.
Jeunes Vert-e-s
Ce sujet n’a pas été pleinement discuté au sein des JVGe. Néanmoins, en tant qu’organisation multilatérale visant à la coopération nationale, les JVGe sont plutôt favorables à favoriser toute mesure permettant à la Suisse de renforcer son poids dans la diplomatie internationale.
Vert’libéraux – Jeunes
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